Sélectionnez votre ville

Назад

Jean-Paul Sartre & Simone de Beauvoir dans les dunes de l’Isthme de Courlande

2 février 2017 — 19 février 2017
Moscou
Jean-Paul Sartre & Simone de Beauvoir dans les dunes de l’Isthme de Courlande
2 février 2017 — 19 février 2017
Moscou
Le séjour de moins d’une semaine de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir sur le territoire lituanien a eu lieu en été de 1965. Deux célèbres figures littéraires lituaniennes ont accompagné les invités: président de l'Association des écrivains de Lituanie, Eduardas Mieželaitis et l’écrivain Mykolas Sluckis. Le photographe Antanas Sutkus, à l’époque âgé de vingt-six ans, a rejoint le groupe et profité de l’occasion pour faire la chronique du séjour et créer un témoignage unique constitué d’une série de photos. Antanas Sutkus a été mené, tout d’abord, non par des objectifs de journaliste ou chroniqueur, mais par une volonté d’accomplir une étude psychologique des personnalités d’écrivains. Ceci n’a pourtant nécessité aucune mise en scène, aucun mouvement artificiel: pas d’angles de prise de vue sophistiqués, ni d'éclairage dramatique ou de montage. Tout est authentique. La perception de l’image s’explique par une approche exceptionnelle du photographe, son savoir-faire, savoir capter le moment et couvrir un ensemble de caractères complexes. On voit le visage de J.-P. Sartre rapproché de façon qu'on observe les traces d’un sourire, d’une incertitude ou d’ironie, tout comme la saveur du tabac. J.-P. Sartre était bien conscient du fait que durant les années de la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers de guerre ont été retenus dans les dunes, les Français parmi eux. Il était très ému, stupéfait par la nature, dirait-on. Deux citadins de souche, J.-P. Sartre et S. de Beauvoir avaient l'air un peu gêné, lorsqu’ils se sont retrouvés avec ses vêtements et chaussures élégants dans un vrai monde du sable et du vent quelque part dans le désert de Nida. J.-P. Sartre s’est assis un instant au milieu des dunes pour enlever sa chaussure, afin de vider le sable. Simone de Beauvoir le suivait pieds nus, elle tenait son sac dans la main et ses chaussures dans l'autre. Soudain, J.-P. Sartre s’est mis débout, a regardé autour de lui et prononcé: «Je me sens comme si je frappais à la porte du paradis», bien que le vent agitait le sable et le mettait dans ses yeux. Ils sont restés un moment sur les dunes à observer en bas, au-dessus de la lagune, les nuages dodus qui ressemblaient à du coton. Sartre a ajouté, un sourire sur le visage: « C’est pour la première fois de ma vie que j’ai des nuages sous mes pieds ». Sur les photos prises à Nida, J.-P. Sartre porte un manteau noir, les mains croisées derrière le dos, solitaire, marche difficilement dans le sable blanc surréaliste dans un décor des ombres longues. L'homme à l'horizon, de nulle part, il erre sans direction. L’existence et le néant. La liberté humaine complète. Cette photo est devenue, en quelque sorte, sa carte d’identité. C’est un existentialisme incarné. A Nida, A. Sutkus a réussi une aventure quasi inimaginable: dans un seul œuvre, une image photographique, il interprète de manière convaincante les idées de Sartre présentées dans «L’Etre et le néant » et la liberté de l'homme. A. Sutkus a réussi de mémoriser ce qui est devenu aujourd'hui l'image la plus célèbre de philosophe.