Le 11 mai 2025, Alain Montesse, artiste du cinéma expérimental dont nous avons projeté les films tout au long de cette année, est décédé.

"Vivre sans temps mort et jouir sans entraves", le fameux slogan de Raoul Vaneigem devenu devise de l'époque de 1968, parlait de l'importance d'écouter le rythme de l'époque, de vivre sans dévier de ses convictions, et pour ceux qui devenaient alors des artistes au sens le plus radical du terme, cette devise signifiait une correspondance directe entre les positions politiques et les positions artistiques.

Le cinéma expérimental d'Alain Montesse (1946-2025) est un phénomène du cinéma français. Il commence à tourner en 1968, inspiré par les idées et l'air du temps, la culture hippie, la poétique du surréalisme et les milieux pro-situationnistes de Bordeaux, où il vit alors. Mais à l'automne 1968, il arrive à Paris, où il s'inscrit à l'IDEC (Ecole Normale Supérieure de Cinéma de Paris). Alain Montesse, selon une conception situationniste du cinéma, filme la vie autour de lui plutôt que de travailler avec un scénario et des acteurs. Ses films comprennent E-30 (1968-2010), Momente (1969), USS (1970), Bugey pour mémoire (1971), Les situs heureux (1970- 1978), Le fond de l'air est frais (1979), étude pour Déserts (1982 - 1985). Parallèlement, Alain Montesse est éditeur, directeur de production d'un magazine télévisé et animateur. De 1993 à 2010, il enseigne la culture internet à l'Université de Valenciennes, Faculté des Lettres.

Son mémoire sur la musique d'Edgar Varèse est un travail complexe de film et de texte.

Alain Montesse s'est rendu à Moscou en 2017 à l'invitation de l'Institut français, ses films ont été projetés à l'Electrotheatre et au CTI Fabrika avec la possibilité de dialoguer avec l'auteur, ses films ont également été inclus dans l'exposition « Interdit d'interdire », consacrée aux événements de 1968 en France et présentée au MMOMA en 2018-2019.

Ces dernières années, Alain Montesse est revenu à son matériau réalisé dans les années 1968-1970. Ainsi, lors de la dernière séance de nos rencontres animées par l’artiste et philosophe Natalia Smolianskaïa à l'Institut français, le 27 février dernier, nous avons vu le dernier des films qu'Alain Montesse a eu le temps de restaurer - Pyla, c'est un épisode où des étudiants ont obtenu une bourse, ont loué une maison à Arcachon où ils se sont amusés et ont profité de la vie. Un autre film, Europa-bis, a été restauré durant la pandémie. Il s'agit d'un voyage en voiture vers l'Europe de l'Est pendant l'été 1969. Il est étonnant de voir comment les films de cette époque font écho à certains apects du présent.

Les films d'Alain Montesse font partie de la collection de la Cinémathèque française et du Centre Pompidou. Un événement en mémoire d'Alain Montesse aura lieu prochainement à Paris.